Calligraphe, Abdallah Akar est un amoureux de la poésie. Il illustre en 2006 un corpus de textes de l'Arabie pré-islamique qu'il déploie sur de grandes tentures, les Poèmes suspendus. Il utilise le kufique, aux caractères angulaires, qui naît très tôt et se développe, tant en Afrique du Nord qu'au Moyen Orient et le cursif, aux caractères déliés. Il explore le tissu, sa transparence, le papier, ses collages, le fer ou le bois. La couleur vient se glisser entre les caractères, question de lecture et de composition. L'oeuvre Sourate à Marie remarquée à l'exposition du Mucem à Marseille (2018) est une installation cruciforme de quatre panneaux de bois où circule la sourate 19, celle de Marie ou Maryam, mère du fils de Dieu pour les chrétiens et du prophète Jésus pour les musulmans, vénérée par les fidèles des deux religions et constituant un pont entre islam et christianisme. La belle installation constituée de sept textiles autour des Sept Dormants d'Ephèse, célèbre sourate du Coran (18), dite La Caverne, relate également une tradition commune au christianisme et à l'islam : le destin de sept jeunes chrétiens contraints de se réfugier dans une caverne pour fuir les persécutions de l'empereur Dèce au IIIe siècle, et qui se réveillèrent sous Théodose II en 448, après avoir sombré dans un profond sommeil. Considérés comme saints dans les deux religions, ils incarnent pour les musulmans, les croyants opprimés. Artiste invité, Abdallah Akar nous fait l'honneur d'une oeuvre réalisée spécifiquement pour le musée du Hiéron. Grand octogone en suspension dans la salle centrale, Joseph, l'autre Yusuf relate en 111 versets, l'histoire de Joseph, faite de joies, de peines et d'épreuves, qui lui a été racontée depuis sa plus tendre enfance, à la manière d'un conte.